Le
Taravu
Le Taravu et son Histoire
Le Taravu, est un fleuve long d’environ 65 kilomètres. Troisième fleuve de Corse, il trouve ses origines à environ 1 580 mètres d’altitude, au nord du Monte Grosso (1 895 m), sur la commune de Palleca. L’orientation générale de son cours va du nord-est vers le sud-ouest, pour se jeter dans la mer Méditerranée au niveau du golfe du Valincu, situé sur les communes de Sarra di Farru et d’Ulmetu.
Du point de vue géologique, le bassin versant, d’une superficie de près de 490 kilomètres carré, qui couvre ou recoupe trente et une communes, appartient intégralement à la Corse hercynienne, dont il traverse le segment Sud, dominé par les plutons. À l’image de la majeure partie de la Corse hercynienne, le substratum du bassin versant du Taravu est largement dominé par des granitoïdes.
Les éléments de l’histoire et de l’évolution du bassin du Taravu au cours des siècles indiquent qu’une société agro-pastorale installée dès la préhistoire (dont de nombreux témoignages subsistent tel que le site préhistorique de Filitosa) a progressivement pris en compte le milieu naturel pour devenir une société agro-sylvopastorale, aboutissant vers le XVème siècle à la création d’une dizaine de villages pivots dans la haute vallée. Ces villages représentaient autant de communautés qui répartissaient leurs activités entre la basse vallée et la haute montagne (élevage et petite agriculture de subsistance).
L’éclosion d’une classe de propriétaires terriens sédentaires, dont les plus aisés allaient rapidement s’imposer comme les détenteurs d’un pouvoir politique, s’achève à la fin du XVIIIème siècle.
La poussée démographique du XIXème siècle modifie considérablement l’espace ainsi que les composantes sociales de la haute vallée où le village joue un rôle prépondérant. La population de la haute vallée double en cent ans, atteignant près de huit mille personnes à l’aube du XXème siècle. La basse vallée du Taravu, jusque-là domaine indivis des communautés pastorales de la haute vallée, prend une identité propre par la sédentarisation progressive, le partage des terres et la constitution de communes indépendantes.
Au cours du XXème siècle, particulièrement après la guerre de 1914-1918, la montagne est « marginalisée » ; la vallée du Taravu se « déruralise » ce qui entraîne une rapide évolution du paysage, avec une forte progression du maquis. Malgré tout, aujourd’hui encore, le bassin du Taravu présente de nombreux atouts car il constitue un tout géographique, environnemental, historique, humain et économique, où le sentiment d’appartenance à une communauté demeure. De fait, « Penser le territoire » au travers de la vallée du Taravu paraît plus que jamais judicieux.
Le caractère sauvage de la rivière
Le Taravu évolue au cœur d’une mosaïque de boisements et maquis naturels et de secteurs d’agriculture extensive. La majeure partie du cours du fleuve est dominée par des boisements et maquis dont la variabilité reflète l’étagement naturel des végétations, depuis l’étage subalpin jusqu’à l’étage thermo-méditerranéen. Seule la plaine alluviale qui constitue la partie la plus aval est largement occupée par des prairies pâturées. Quelques parcelles de vigne et de rares secteurs jardinés et/ou aménagés pour l’habitation viennent compléter cette mosaïque, sans toutefois occuper une superficie conséquente. L’ensemble dessine un paysage au relief relativement homogène, régulièrement entrecoupé de passées granitiques plus résistantes à l’érosion qui forment des éperons rocheux sur les coteaux et des secteurs de gorges dans le cours du fleuve. Ces différents contextes environnementaux définissent des portions contrastées en termes de caractéristiques tant physiques (hydrodynamique, régime sédimentaire…) que biologiques (nature de la ripisylve, potentialités écologiques…).
L’ensemble du Taravu (excepté la zone d’embouchure) est favorable au développement de la Truite: à ce titre, le Taravu présente les caractéristiques d’un cours d’eau de 1ère catégorie piscicole. A noter aussi que plusieurs portions d’affluents du Taravu sont strictement interdits à la pêche, dans l’optique de protéger la truite macrostigma, emblématique de Corse.
Le bassin versant du Taravu intègre ou intersecte divers espaces marqués par une grande diversité d’espaces naturels à forte valeur environnementale, à savoir six * ZNIEFF de type I, cinq * ZNIEFF II et cinq sites Natura 2000.( * Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique ).
Le Parc Naturel de Corse s’étend sur environ 20 500 hectares (soit environ 6% de la surface totale du PNRC) et couvre 11 communes du haut et moyen Taravu. Ainsi un grand nombre d’espèces végétales et animales se développent sur le bassin versant. Il s’agit aussi bien de plantes que d’arbres et arbustes, d’oiseaux, de reptiles, d’amphibiens, d’insectes ou encore de mammifères. Nombres d’espèces sont d’ailleurs endémiques, rares, protégées et souvent les trois à la fois !
De plus, depuis 2017, le fleuve Taravu bénéficie du label « Sites Rivières Sauvages », attribué par un comité scientifique, attestant du caractère préservé et équilibré de cette vallée.
Renouvellement et extension au niveau 3 du label « Rivières Sauvages » Taravu
En France, seulement 7% des masses d’eau sont en « très bon état écologique » au sens de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE), et on estime à moins de 1% les rivières qui pourraient être qualifiées de « sauvages ».
Le Label « sites rivières sauvages » a comme principal objectif d’être un outil au service des gestionnaires des milieux aquatiques d’eau courante pour améliorer la protection et la conservation des rivières qui présentent un bon fonctionnement écologique.
Il intègre les notions suivantes :
- Qualité de l’état de préservation de l’écosystème;
- Reconnaissance et récompense des acteurs sur les territoires pour la gestion exemplaire de la rivière;
- Protection renforcée, au-delà des objectifs réglementaires issus de la DCE, (Atteinte du « bon état », Classements…etc);
- Volonté collective, partagée dans l’action de préservation (gouvernance);
- Valeur économique forte de la rivière (services écosystémiques, attrait du territoire);
- Valorisation du territoire au sein d’un réseau.
Il sert donc à développer à la fois une marque de reconnaissance auprès du public (qualité environnementale), une distinction pour les gestionnaires (Pêcheurs, Parc naturel, etc.) et une valorisation collective d’un territoire d’exception !
C’est un label français, qui est en cours de traduction et d’extension au niveau européen.
Afin de protéger sa nature intacte et sa richesse environnementale, le Taravu fut le premier fleuve Corse à recevoir cette distinction en février 2017 : une labellisation « Site Rivières Sauvages » de niveau 2. Celle-ci s’inscrivait dès lors dans un projet de territoire fort, avec un programme d’actions visant à préserver le Taravu, mais aussi à valoriser sa vallée, haut lieu de conservation.
Depuis, différentes opérations ont été menées à bien, permettant de sensibiliser la population du bassin versant aux enjeux de reconquête de la qualité des eaux mais aussi de souligner l’attachement des habitants à la protection de leur rivière. Pour renforcer ces actions, le film « Taravo : une Vallée en Héritage » et différents aménagements de site naturels ont été réalisés, faisant de ce fleuve un territoire avec une attractivité pour un développement durable.
Ces résultats significatifs renforcent d’autant plus l’envie de continuer à faire rayonner l’image de la vallée pour laquelle une marque de territoire a été créée.
En janvier 2022, la Collectivité de Corse a été fière de pouvoir continuer à œuvrer pour la préservation et la valorisation de cette richesse avec le renouvellement de la labellisation pour cinq nouvelles années (décembre 2026). Une fierté d’autant plus forte que le Taravu passe à un label de niveau 3, le plus élevé. Il rejoint ainsi le top 3 des rivières possédant cette certification.
Voir également : le site “rivières sauvages”